Reine

La route a été si longue j’ai bien cru que mon souffle serait trop court. Je t’ai attendu si longtemps, partout et à chaque instant. Toi qui est aujourd’hui l’amour de ma vie.

Le jour où on a décidé qu’il était temps qu’on te rencontre a été l’un des plus beaux que j’ai jamais vécu. Pour la première fois, tout était à sa place, te rencontrer était devenu une évidence. On a tout organisé, on a prévu du temps car on savait que tu risquais d’avoir du retard, tel père telle fille. On était comme des enfants, t’imaginant tous les jours,  cherchant des prénoms et se disputant déjà.

Au début, on s’est pas inquiété, on s’est dit que c’était normal les bébés sont toujours en retard c’est comme ça. Puis les mois sont passés les uns après les autres sans qu’on te voit arriver. Quand les mois sont devenus des années, l’espoir de te rencontrer nous a lentement quitté. Les fins de mois rimaient avec désarroi. Tu n’étais jamais au rendez vous qu’on t’avait, pourtant, fixé de pied ferme.  Le coeur si lourd j’ai fini par dire à ton papa qu’il pouvait partir avec une autre, que peut-être tu serais à l’heure. Je m’en voulais tellement d’être incapable de remplir la mission que la nature confie aux femmes. Je me pensais indigne de te porter, je pensais mon corps trop vide et mon âme trop abimée pour te recevoir chez moi.

L’abandon n’étant pas le genre de la maison nous avons décidé de nous battre car tout au fond de nos coeurs meurtris, on savait que tu étais quelque part. Il fallait juste qu’on vienne te chercher, plus fainéante que ta mère, il faut le faire. On a passé tous les examens du monde et j’ai subi des traitements dont je ne te parlerai pas tant cela touche à l’intime et tant j’espère que tu n’auras jamais à les connaitre. Et, après 4 ans à t’attendre, à t’espérer, à t’imaginer, tu es enfin arrivée. Tu as changé nos vies, l’amour que l’on te porte ne peut même pas être décrit. Moi qui ai toujours les mots, je les perds quand mon regard se pose sur toi. Je revivrai chaque seconde de ce si long voyage si ça veut dire que je peux tenir ta main et te voir sourire à mon réveil. J’ai souvent dit que j’aurai adoré t’avoir eu plus tôt, puis ton grand père m’a un jour répondu, que si on t’avait eu plus tôt ça ne serait pas toi. Il m’a dit, tu aurais voulu un autre bébé ? Évidemment que non, il avait raison, c’était toi et personne d’autre. Peu importe le temps qu’on a mis pour enfin se rencontrer, peu importe si je ne suis plus si jeune, peu importe le monde entier et ses jugements, nous étions destinées.

Donné naissance a une princesse a fait de moi une reine, merci ma fille.

Sorya Le Goff

PS : J’aurai pu choisir d’écrire cet article à la deuxième ou troisième personne, histoire de pas me mettre à nue devant tout le monde. C’est très difficile de dévoiler une partie si intime de sa vie mais l ’idée de me dissocier de cette peine ne m’a pas traversé l’esprit . Si quelqu’un se sent moins seul en lisant cet article, je peux donner un bout de ma pudeur avec plaisir. Nous avons la chance infinie d’avoir gagné notre bataille. Je pense à tous ceux qui traversent ces épreuves, qui essaient, contre vents et marées de devenir parents. Courage, je sais que ça paraît insurmontable, mais cela ne l’est pas, vous êtes fait du bois qu’il faut pour gravir tous les obstacles.

Pour finir, une bonne année à tous, des inséminations qui marchent, des fiv pleines de baby qui s’accrochent et enfin des gros ventres de princes et de princesses en pleine forme.

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